« La Russie va diriger le monde en terme de réserves diamantifères », a clamé Fyodor Andreyev, le président d'Alrosa. Ce puissant groupe aux mains de l'Etat russe et de la République sibérienne de Yakoutie, où sont concentrés les plus grands gisements, vient de briser un tabou, en révélant que la Russie possédait 1 milliard 300 mille carats de réserves, soit 260 tonnes de diamant bruts. « Au rythme de production actuelle les réserves d'Alrosa pourraient durer 40 ans, a poursuivi le président du groupe. Jusqu'à présent nous n'avons pas révélé nos réserves parce qu'aucun producteur ne le faisait ». Une allusion au culte du secret partagé par le grand concurrent d'Alrosa, privé celui là, la De Beers, et auquel le groupe russe a contribué à briser le monopole sur le marché mondial du diamant.
Ce marché du diamant se porte à nouveau à merveille, après le repli de 2009 consécutif à la crise. Et ce, grâce à l'Inde et à la Chine. L'an dernier la demande de diamants polis a augmenté de 9% en Chine continentale, de 11% à Hong Kong. Cette année la tendance devrait se poursuivre, on prévoit une augmentation de 20% de la consommation de pierres précieuses brutes ou polies en 2011, et les prix sont en hausse de 40% sur les 20 derniers mois.
Les résultats des géants du diamant sont donc beaucoup plus brillants en 2010, en premier lieu pour Alrosa, dont la dette a fondu de 13% et dont les bénéfices ont triplé. Au point que le groupe russe envisage de développer seul un nouveau gisement diamantifère au bord de la mer Blanche, alors qu'il comptait faire appel au concurrent anglo-australien Rio Tinto. De sources proches de la direction d'Alrosa, le géant russe du diamant pourrait même renoncer à son entrée en bourse projetée pour la fin de l'année prochaine, tant l'afflux de cash l'autorise désormais à rester chasse gardée du gouvernement russe. La transparence sur les réserves pourrait donc n'être qu'un signe aux clients asiatiques, pour qu'ils fassent confiance à cet approvisionnement.
Reporter
MIGAN S. BRUNO