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Libye: l'ONU accuse le régime de Kadhafi de crimes contre l'humanité
08/06/2011 13:05
GENEVE - L'ONU a accusé mercredi le régime du leader libyen de crimes contre l'humanité, commis lors de la répression contre le soulèvement populaire de février qui a tourné à la guerre civile.
Dans un rapport publié sur internet, la commission chargée par le Conseil des droits de l'homme d'enquêter sur les violations commises en Libye, dénonce également des crimes de guerre commis par l'opposition même si ceux-ci sont moins nombreux, selon elle, que ceux des forces fidèles à Tripoli.
Sur la base des informations reçues lors de ses visites sur le terrain (...), la Commission a (...) conclu que des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre ont été commis par les forces du gouvernement libyen, indique-t-elle dans son rapport.
Ses experts, qui se sont rendus en Libye, Egypte et Tunisie, ont ainsi constaté que des meurtres, des détentions ainsi que d'autres formes de privation grave de la liberté, mais aussi des cas de tortures, des persécutions, des disparitions forcées ainsi que des abus sexuels ont été commis par les forces gouvernementales dans le cadre d'une attaque généralisée (...) contre la population civile.
De tels actes tombent sous la dénomination de crimes contre l'humanité, expliquent-ils.
Le rapport poursuit: nous avons suffisamment de preuves pour suggérer que les forces gouvernementales ont eu un recours excessif à la force contre les manifestants, au moins dans les premiers jours des manifestations, ayant entraîné un nombre importants de morts et de blessées.
Il relève par ailleurs que les forces gouvernementales ont détenu arbitrairement un nombre important de personnes dans de nombreuses villes.
Les experts dénoncent en outre des disparitions forcées ainsi que des obstacles à l'accès à des soins médicaux de la part des autorités de Tripoli.
Enfin, selon eux, les médias ont fait l'objet d'attaques graves par les forces du régime, visant essentiellement à étouffer leur couverture des évènements.
Concernant la rébellion, la Commission dit avoir a reçu moins d'informations sur des faits qui pourraient être considérés comme des crimes internationaux.
Elle a cependant trouvé quelques actes qui constituent des crimes de guerre. Notamment des cas de torture ainsi que d'autres formes de traitements inhumains et dégradants. Ces derniers ont été commis par les forces d'opposition ainsi que par Tripoli, selon le rapport.
Dépassant le cadre de son mandat, la commission évoque enfin des allégations d'attaques aveugles sur ces civils commises par l'Otan. Elle explique qu'elle n'a pas été en mesure à ce stade d'évaluer la véracité de ces informations mais assure n'avoir pas eu de preuve pour suggérer que des civils (...) ont été délibérément pris pour cible par les forces de l'Otan.
Elle se dit au final préoccupée par ces violations commises par les deux parties dont le conflit a, d'après elle, dégénéré en une guerre civile qui a fait entre 10.000 et 15.000 morts selon les estimations de Tripoli, de Benghazi et des ONG.
Elle recommande ainsi au Conseil des droits de l'homme de continuer à suivre de près le dossier.
Présidée par le juriste égyptien Cherif Bassiouni, la commission créée en février doit présenter le 6 juin aux représentants des 47 Etats membres du Conseil le rapport constitué après des rencontres avec les autorités libyennes mais aussi du Conseil national de transition (opposition) ainsi que des représentants de la société civile.
Au total, les experts se sont entretenus avec plus de 350 personnes dont des médecins et patients mais aussi des personnes arrêtées à Tripoli et Benghazi ou encore des déplacés et réfugiés. Elle s'est de plus appuyée sur 5.000 pages de documents.
Reporter MIGAN S. BRUNO
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