Les dernières mesures de l'opinion publique donnent le président sortant Barack Obama gagnant face à son challenger, Mitt Romney, à la veille de la présidentielle la plus suivie au monde, celle des Etats-Unis. Si la nouvelle se confirme dans les isoloirs, ce sera bien la preuve que la plateforme stratégique reste le meilleur atout du 44è président des Usa, qui fut aussi le premier afro-américain à entrer à la Maison blanche. Pourtant, le challenge ne semblait nullement d'avance gagné. Il y a quelques semaines, à la fin du premier débat télévisé, où le sortant ne fut pas à son avantage, les sondages le donnaient battu. Depuis, la bataille médiatique et les sorties sur le terrain nous ont donné à voir, un autre Barack Obama ; il est vrai aidé par les événements et quelques fortes personnalités.
    Dernier atout en date, la tempête Sandy qui plongé Manhattan dans le noir, interrompu la campagne électorale et remis Barack Obama dans le costume du commandant en chef du navire Us. En courant au secours de ses compatriotes éplorés, pleurant la cinquantaine de morts et impuissants face à la furie de la nature qui a semé désolation sur son passage, le président des Etats-Unis dans une posture savamment mise en scène, a su retrouver la stature du président proche de son peuple  dont il partage la détresse et qui leur apporte la compassion et le soutien de tout le pays par la mise en œuvre de mesures sociales, sinon socialisantes  sur lesquelles nul ne trouva à redire. Au contraire, Mitt Romney, n'a pu rien faire d'autre que d'approuver les décisions de son adversaire qu'il aurait pourfendu en d'autres circonstances. Et l'impact de ce volontarisme du sortant s'est sentir sur les courbes des sondages qui se sont redressées. Il était temps.
    Le déclin des Usa de leur piédestal de maître du monde sont aujourd'hui le pire ennemi du Président sortant. Mais pour faire face à son bilan économique loin de satisfaire toutes les attentes, trop grandes nées de son élection il y a quatre ans, il aura fallu trouver d'autres ressources que les aléas naturels. D'ailleurs les charmes de son épouse Michelle n'y auront pas  suffit. C'est donc la belle dégaine de Bill Clinton qui a réussi, de l'avis des observateurs, à rembarrer les arguments un peu trop libérales du camp républicain. En effet, c'est l'ancien président qui  a été envoyé au charbon pour casser les propositions de Romney, avec gouaille et le sens du détail qu'on lui connaît. Mais tous ces maîtres atouts suffiront-ils à faire réélire Barack Obama ? Rien n'est encore définitivement acquis.
    Finalement, la liquidation d'Oussama ben Laden,  l'Obama care du nom de sa réforme de  la sécurité sanitaire et toutes les autres mesures volontaristes n'auront pas suffit à Obama pour s'imposer comme un leader charismatique, capable de conduire les Américains vers la Terre promise de la reprise économique. Et dans ce pays-continent en proie à ses clivages sociaux, raciaux, culturels et politiques qui le tourmentent comme autant de démons intérieurs, il faudra plus que les talents réunis de Clinton et d'Obama pour exorciser le mal. Si Obama est réélu, et c'est ce que je souhaite, il devra avant tout trouver la parade à la paralysie institutionnelle qui se profile avec la même configuration politique, faite d'une Chambre républicaine et d'un Sénat démocrate. C'est donc dans la méthodologie et le cadrage de sa gouvernance que résident le ressort de sa postérité. C'est ce que je crois.

Reporter

MIGAN S. BRUNO