1. Le Groupe des Sages de l’Union africaine (UA) a tenu sa 10ème réunion le 12 mai 2011,
à Addis Abéba, en Ethiopie. La réunion, qui a été ouverte par l’ancien Président Kenneth
Kaunda, au nom du Président Ahmed Ben Bella, qui préside le Groupe, et par l’Ambassadeur
Ramtane Lamamra, Commissaire de l’UA à la Paix et à la Sécurité, au nom du Président de la
Commission, le Dr Jean Ping, a vu la participation de Mme MarieâMadeleine KalalaâNgoy et
duDr Mary ChineryâHesse, membres du Groupe des Sages, ainsi que Mme Elisabeth Pognon,
membre des “Amis du Groupe”. Le Représentant permanent de la République d’Afrique du
Sud auprès de l’UA, en sa qualité de Président du Conseil de paix et de sécurité (CPS) pour le
mois de mai 2011, a également assisté à la cérémonie d’ouverture.
2. En outre, M. Léopold Ouedraogo, représentant le Conseil des Sages de la Commission
économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ainsi que l’Ambassadeur Berhane
Ghebray et l’Honorable Betty Bigombe, représentants le Comité des Sages du Marché
Commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), ont également participé aux
délibérations du Groupe des Sages.
3. La réunion a examiné et adopté le rapport du Groupe des Sages sur la “Nonimpunité,
la justice et la réconciliation nationale”, élaboré par le Groupe dans le cadre de ses
réflexions thématiques sur des questions relatives à la prévention des conflits et comme
contribution aux efforts que déploie l’UA dans la lutte contre l’impunité et en vue de la
promotion d’une approche globale qui concilie les impératifs de paix et de justice dans les
contextes postâconflit. Le rapport comprend un cadre d’action sur la justice transitionnelle,
dont l’objectif est de doter l’UA de l’outil nécessaire pour répondre judicieusement aux
objectifs inextricablement liés de promotion de la paix, de l’état de droit et de la prévention
des conflits.
4. Le Groupe a également examiné son projet de rapport sur le thème «Violence
sexuelle, femmes et enfants dans les conflits armés». Le Groupe a félicité le Conseil de paix
et de sécurité pour avoir conféré plus de visibilité à cette question cruciale, notamment à
travers le débat public annuel sur les femmes, les enfants et les conflits armés.
5. Le Groupe a eu un échange de vues sur les modalités de l’examen exhaustif des
mécanismes existants en matière de démocratisation et de gouvernance en Afrique, afin de
soumettre, au plus tard en décembre 2011, des recommandations au Conseil de paix et de
sécurité, tel que demandé par cet organe lors de sa 275ème réunion tenue au niveau
ministériel, à Addis Abéba, le 26 avril 2011. Le Groupe a convenu de mesures à prendre pour
mener à bien cette tâche dans les délais requis. Dans l’intervalle, le Groupe a, une fois de
plus, exhorté tous les Etats membres qui ne l’ont pas encore fait à signer et à ratifier, sans
autre délai, les instruments pertinents de l’UA, en particulier le Protocole relatif à la création
de la Cour africaine de Justice et des Droits de l’homme et la Charte sur la Démocratie, la
Gouvernance et les Elections.
6. Le Groupe a examiné l’état de mise en oeuvre des recommandations contenues dans
son rapport sur « le renforcement du rôle de l’Union africaine dans la prévention, la gestion
et le règlement des différends et conflits violents liés aux élections en Afrique», telles
qu’entérinées par la 13ème session ordinaire de la Conférence de l’Union. Le Groupe est
convenu des mesures à prendre à cet égard, en particulier les missions d’évaluation préélectorale
à entreprendre dans des pays donnés, dans le cadre de son mandat de prévention,
et a exhorté tous les Etats membres à en assurer le suivi, et à mettre en oeuvre les
recommandations contenues dans le rapport.
7. La réunion a également été l’occasion pour le Groupe d’entendre les communications
présentées sur la situation en Somalie par l’ancien Président Jerry John Rawlings, Haut
Représentant de l’UA pour la Somalie, l’Ambassadeur Boubacar G. Diarra, Représentant
spécial du Président de la Commission pour la Somalie, l’Honorable Kipruto Arap Kirwa,
Facilitateur de l’IGAD pour la Somalie, et un représentant de l’Ambassadeur Augustine
Mahiga, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour la Somalie, ainsi
que par des experts sélectionnés sur la Somalie.
8. Le Groupe a, dans ce cadre, exprimé sa profonde préoccupation face aux divisions et
querelles qui déchirent les Institutions fédérales de transition (TFI), en particulier sur la
question de la transition et des arrangements postâtransition, problèmes qu’a récemment
illustrés la décision du Gouvernement fédéral de transition (TFG) d’empêcher des membres
du Parlement fédéral de transition (TFP) de se rendre à l’étranger pour des consultations
relatives à la crise actuelle. Le Groupe a noté que ces divisions portent en elles le danger
certain de remettre en question les acquis significatifs enregistrés sur le terrain par la Mission
de l’UA en Somalie (AMISOM) et les Forces de sécurité somaliennes, ainsi que d’autres
avancées réalisées sur la voie de la paix et la réconciliation en Somalie. Le Groupe en a
appelé aux parties prenantes somaliennes pour qu’elles fassent preuve de la volonté politique
nécessaire pour surmonter la crise actuelle et relever les défis auxquels leur pays fait face,
rappelant avec insistance la responsabilité première qui est la leur en vue de la réalisation de
la paix en Somalie.
9. Le Groupe a exprimé sa profonde préoccupation face à la situation humanitaire qui
prévaut en Somalie, avec près d’un tiers de la population totale du pays vivant dans des
conditions particulièrement difficiles, non seulement en raison du conflit actuel, mais aussi du
fait de la sécheresse ambiante, l’une des plus sévères que le pays ait connu dans un passé
récent. Le Groupe a relevé que, selon les agences humanitaires, un enfant sur quatre souffre
actuellement de malnutrition aiguë dans la partie septentrionale de la Somalie. Le Groupe a
rappelé que, lors de sa réunion sur la Somalie, tenue à Nairobi, en novembre 2008, il avait
souligné que nulle part ailleurs dans le monde le principe de la responsabilité de protéger ne
se posait avec autant d’acuité qu’en Somalie. Le Groupe note avec un profond regret que,
trois ans plus tard, le sort de la Somalie reste, au mieux, marginal dans les préoccupations de
la communauté internationale, comme en témoigne le financement toujours insuffisant des
besoins humanitaires â sur les 529 millions de dollars nécessaires pour l’appel humanitaire
pour cette année, seulement un quart a été mobilisé).
10. Le Groupe a examiné d’autres situations de conflits et de crise en Afrique, et ce sur la
base de la communication faite par le Commissaire à la Paix et à la Sécurité. Le Groupe s’est
félicité des progrès accomplis dans la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité, en
particulier: (i) au Soudan, avec la tenue réussie du référendum d’autodétermination pour le
Sud Soudan, en janvier 2011 ; (ii) en Côte d’Ivoire, avec la fin de la crise qui a suivi le second
tour de l’élection présidentielle, le 28 novembre 2010, et l’entrée en fonction du Président
démocratiquement élu, M. Alassane Dramane Ouattara, ainsi qu’en (iii) Guinée et au Niger,
avec l’achèvement des transitions lancées dans ces deux pays et le rétablissement de l’ordre
constitutionnel.
11. Le Groupe a réitéré l’importance que revêt la prévention, tant opérationnelle que
structurelle, et a appelé à redoubler d’efforts à cette fin, soulignant la nécessité et l’obligation
pour tous les pays et autres parties concernées d’apporter la coopération nécessaire à la
Commission et au CPS, pour l’aboutissement des efforts de prévention des conflits.
12. En ce qui concerne les soulèvements populaires en Afrique du Nord, le Groupe a
souligné que ces développements offrent une occasion unique d’approfondir le processus de
démocratisation sur le continent et de faire en sorte que les engagements pris par les Etats
membres aux termes des nombreux instruments existants de l’UA soient respectés et
intégralement mis en oeuvre. Le Groupe a lancé un appel à toutes les parties prenantes en
Tunisie et en Egypte pour qu’elles n’épargnent aucun effort, afin que les aspirations
populaires à une véritable démocratie, à l’état de droit et au respect des droits de l’homme
soient satisfaites. Le Groupe a mis en relief les recommandations formulées par deux de ses
membres qui se sont rendus en Tunisie, les 6 et 7 avril 2011. Le Groupe attend avec intérêt la
visite prévue en Egypte en juin 2011.
13. Le Groupe a exprimé sa profonde préoccupation face à la situation en Libye, et a
appelé à un cessezâleâfeu immédiat et complet et à la fin de toutes les attaques contre les
civils, en particulier au regard des conditions humanitaire désastreuses qui prévalent sur le
terrain, tel que rapporté par la Secrétaire générale adjointe des Nations unies pour les
Affaires humanitaires et Coordonnatrice des Secours d’urgence, Valérie Amos, dans une
déclaration au Conseil de sécurité, le 9 mai 2011. Le Groupe a été ému par les souffrances
infligées aux populations vivant à Misrata, la mort, les déplacements et les destructions
d’infrastructures vitales résultant de la situation actuelle, ainsi que par le sort des travailleurs
migrants africains en Libye. S’agissant de ce dernier point, le Groupe a été horrifié par les
nouvelles sur la mort de près de 600 migrants, après que leur bateau s’est brisé au large des
côtes libyennes, ainsi que par les incidents similaires intervenus auparavant. Le Groupe a saisi
cette occasion pour rappeler à tous les pays et organisations dont les navires patrouillent
dans la mer Méditerranée le devoir qui leur incombe d’apporter leur concours à tout bateau
quittant la Libye. Le Groupe a exprimé sa conviction que la poursuite des combats en cours et
des opérations militaires ne peut qu’aggraver la situation humanitaire et, par conséquent,
saper la réalisation de l’objectif pour lequel la résolution 1973 (2011) a été précisément
adoptée. En conséquence, le Groupe a instamment demandé à toutes les parties prenantes
internationales à, rapidement et sans réserve, oeuvrer à un cessezâleâfeu immédiat et à
mettre fin à toutes les autres opérations militaires, comme seul moyen d’assurer la protection
effective de la population civile et de créer les conditions d’une solution politique d’ensemble
à la crise. Le Groupe s’est félicité de l’appel à un cessezâleâfeu lancé par le Secrétaire général
des Nations unies, M. Ban Kiâmoon, ainsi que de celui sur la nécessité d’une pause temporaire
dans le conflit fait par la Secrétaire générale adjointe des Nations unies aux Affaires
humanitaires, et souligné que l’exigence d’un cessezâleâ feu immédiat et d’une fin à toutes les
attaques et abus contre les civils constitue le premier paragraphe du dispositif de la
résolution 1973 (2011).
14. Le Groupe a exprimé son plein appui à la Feuille de route de l’UA pour le règlement de
la crise libyenne, telle qu’articulée par le Conseil de paix et de sécurité lors de sa 265ème
réunion tenue le 10 mars 2011, soulignant que cette Feuille de route fournit une base viable
pour mettre un terme à l’effusion de sang en cours, alléger les souffrances des populations
civiles affectées, et répondre aux aspirations légitimes du peuple libyen à la démocratie, à
l’état de droit et au respect des droits de l’homme, y compris l’établissement rapide d’une
période de transition inclusive consacrée à la mise en oeuvre des réformes nécessaires, en
particulier l’adoption d’une Constitution. Le Groupe a salué les efforts et l’engagement des
membres du Comité ad hoc de haut niveau de l’UA sur la Libye et souligné la contribution
unique que ledit Comité peut apporter dans la recherche d’une solution durable à la crise
libyenne. Le Groupe a appelé les partenaires de l’UA à apporter leur appui au Comité, dont le
rôle est dûment reconnu par la résolution 1973 (2011) du Conseil de sécurité des Nations
unies, en ayant à l’esprit que l’Afrique est le continent qui sera le plus affecté par la poursuite
et l’aggravation de la situation actuelle, ainsi que les dispositions du Chapitre VIII de la
Charte des Nations unies sur le rôle des arrangements régionaux dans le règlement des
différends au sein et entre leurs Etats membres.
15. Le Groupe a convenu de tenir sa 11ème réunion au cours de la dernière semaine du
mois d’août 2011.
Reporter
MIGAN S. BRUNO